De Copenhague à Shanghai : d’une année à l’autre les priorités changent elles ?

Publié le par Groupe des élus EE au Conseil régional

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Il y a un an, une délégation de la Région Champagne Ardenne se préparait à rejoindre Copenhague pour la Conférence mondiale sur le climat. Aujourd’hui, c’est Shanghai et son exposition universelle qui s’apprêtent à recevoir une délégation champardennaise. Autres temps, autres priorités ?

La question mérite d’être posée. Il y a un an, avant que sa délégation ne se rende à Copenhague, la Région tenait une conférence pour souffler la 1ère bougie de son plan climat. Aujourd’hui, rien ne laisse penser que la 2ème bougie ne sera soufflée avec la même acuité. Il est vrai que nous ne sommes plus en phase préélectorale. Et puis l’échec de la Conférence de Copenhague a refroidi les ardeurs. Pourtant la conférence de Cancun pourrait être l’occasion, pour les Régions, de marquer leur volonté d’avancer sur le chemin de la lutte contre le réchauffement climatique et pour l’adaptation de nos territoires à ses conséquences.

Le Comité des Régions (CdR) de l’Union Européenne vient d’ailleurs d’appeler les collectivités à s’engager davantage pour le climat. Dans un communiqué publié le 7 octobre[1], ce Comité « exhorte les collectivités régionales et locales à se mobiliser davantage en souscrivant des "pactes locaux d'action climatique" qui détermineront des mesures concrètes en faveur du climat, de façon à atteindre l'objectif "20-20-20"[2] que s'est assigné l'Union européenne pour 2020. »

Dans sa résolution sur le sommet de Cancún, le CdR réitère son appel en faveur de la conclusion, d'ici 2012, d'un accord international sur le changement climatique qui maintienne le réchauffement planétaire sous la barre des 2 °C. Mais le Comité rappelle aussi aux régions et aux pouvoirs locaux qu'ils ont un énorme rôle à jouer dès lors qu'il s'agit, sur le terrain, d'utiliser les ressources avec davantage d'efficacité et d'améliorer la compatibilité de l'économie avec le climat. Leur mission, affirme la résolution, est de sensibiliser davantage leur opinion publique, de susciter son adhésion politique, de mobiliser les investissements des entreprises et les sources de financement et d'inciter les producteurs et les consommateurs à modifier leur comportement.

Le CdR préconise des partenariats public-privé stratégiques, par exemple sous la forme d'alliances passées entre des petites et moyennes entreprises et des collectivités territoriales en vue de poursuivre la mise au point et l'introduction de technologies à faibles émissions de CO2. Les régions et les villes devraient conclure des pactes locaux d'action climatique, qui réunissent des partenaires publics et privés et définissent des mesures d'action concrètes en faveur du climat, de façon à atteindre l'objectif "20-20-20" que s'est assigné l'Union européenne.

Pour améliorer le financement de l'action locale en matière de climat, le Comité des régions demande que la problématique du changement climatique soit intégrée dans les budgets de tous les échelons de pouvoir. Le prochain budget de l'UE devrait élever la politique en faveur du climat au rang de priorité transversale et il conviendrait par ailleurs de faciliter l'accès des régions et pouvoirs locaux aux prêts de la Banque européenne d'investissement. Il y aurait lieu de mettre une partie appréciable des revenus produits par le système communautaire d'échange de quotas d'émission à la disposition des collectivités territoriales, pour qu'elles puissent mettre en œuvre des mesures destinées à atténuer le changement climatique et s'y adapter.

Voilà une prise de position qui a le mérite de la clarté !

En décembre 2009[3], nous exprimions clairement notre proposition d’aller vite vers une révision du plan climat régional : « Les actions réalisées dans le cadre du Plan climat régional vont dans le bon sens mais restent largement insuffisantes au regard de l’urgence climatique. A quelques jours du sommet de Copenhague, les objectifs de ce plan sont déjà dépassés puisqu’il se base sur le protocole de Kyoto. L’horizon à viser pour la Région est aujourd’hui 2020 et non 2050 avec une réduction de 40% des émissions de GES. Cela veut dire que le plan climat régional devra sérieusement accélérer sur la mandature 2010-2014 ».

Nous proposions de « mettre les bouchées doubles, et engager des changements radicaux autour d'actions prioritaires. La Région doit se battre contre la fracture énergétique en permettant à tous un accès à des logements mieux isolés. N’oublions pas que les logements les moins bien isolés sont souvent ceux des moins favorisés. Nous mènerons une politique volontariste en la matière avec pour objectif une baisse globale de la facture de chauffage des champardennais. La mobilité durable en secteur urbain est également un de nos axes de travail principaux. Ainsi la Région doit massivement soutenir et aider les projets favorisant la mobilité multimodale et faiblement émettrice de gaz à effet de serre. En ce qui concerne les zones rurales, il va falloir remettre à plat l'offre de transports collectifs en prenant en compte la réalité des émissions de CO2 afin d ‘aider les collectivités à s'engager sur des Plans Climat Energie Territoriaux. La Région proposera des services de conseil et d’accompagnement adaptés aux besoins. »

Et enfin, nous préconisions : « Mais au-delà d’actions spécifiques, la plus grand priorité réside dans l’intégration de la question climat/énergie dans l’ensemble des décisions prises par le Conseil régional. La région doit ainsi mettre en cohérence ses outils d'intervention que ce soit dans les domaines de l'innovation, du développement économique ou encore de l’aménagement du territoire. Nous proposons aux champardennais d'aller, dès 2010, vers un plan climat de 2ème génération, dont les bénéfices seront visibles par chacun. ».

Ces propositions restent d’une actualité particulièrement brûlante.

Alors que le plan climat régional ne comporte pas d’objectifs chiffrés à court terme, ni même à horizon 2020, il devient urgent d’en formuler.

L’action de la région peut conduire à une hausse des émissions de gaz à effet de serre immédiate, qu’il peut s’agit au moins de compenser afin de ne pas pénaliser l’effort des champardennais. La création d’un fonds régional de compensation carbone permettrait de mobiliser de nouvelles ressources financières pour agir mieux et plus vite dans la Région.

Sur le plan de la réduction de la fracture énergétique ou de la lutte contre la précarité énergétique, force est de constater que tout reste à faire. A très court terme, la création d’un fonds de lutte contre la précarité énergétique permettrait, sans attendre, d’amorcer le renversement de perspective des interventions en aval d’aujourd’hui aux interventions en amont qui permettrait aux ménages en situation de précarité de s’en sortir.

En matière de mobilité durable, une gamme différenciée de services est à inventer et soutenir.

Le levier de la commande publique, à travers un plan lycées, est à mobiliser, sans attendre, afin de créer la dynamique qui manque aujourd’hui en Région pour mobiliser les acteurs professionnels concernés. Les charges de fonctionnement des lycées de la Région ne manqueront pas de s’en mieux porter, ce qui sera une contribution concrète à la maitrise des charges de la collectivité territoriale.

Notre Région recèle à la fois des ressources végétales à valoriser et des talents d’innovation et d’entrepreneuriat à soutenir pour faire vraiment de la Champagne ardenne une région Verte. Ce qui suppose de renoncer au saupoudrage des crédits de recherche et d’innovation dans toutes les directions et de redéployer les efforts de soutien à l’économie en les tournant plus vers les filières d’avenir (éco matériaux, éco technologies, éco développement) et moins vers les secteurs qui pèsent encore lourds aujourd’hui et sont, de ce fait, capables d’aspirer l’argent public, sans se remettre en cause fondamentalement. 

Autant d’axes pour une mobilisation pleine et entière de la Région, dès 2011, à travers un plan climat énergie régional de 2ème génération, qui accélère l’action, soutienne les acteurs prêts à s’engager, vise l’atteinte d’objectifs quantifiés. Pour contrecarrer les conservatismes et privilégier l’innovation, il faudra un fort soutien politique. Il appartient à la majorité régionale de construire cette force, pour passer des mots aux actes.



[2] Réaliser d'ici 2020 20% d'économies d'énergie, augmenter de 20% l'utilisation d'énergies renouvelables et réduire de 20% les émissions de gaz à effet de serre par rapport à 1990.

Publié dans Tribunes

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J
<br /> De l'art et de la manière de s'occuper des faux problèmes... Vous savez sans doute (hum...) que la TMG (température moyenne globale) est stable depuis 2001, et que rien ne permet d'affirmer qu'elle<br /> va recommencer à augmenter. Si la relation causale CO2-température était une réalité, pourquoi la covariation CO2-T s'est-elle brisée depuis 2001? Vous savez peut-être que 3300 sondes océaniques<br /> ARGO ont mesuré une faible baisse des températures océaniques depuis plusieurs années, et que le niveau des océans, après une montée "cataclysmique" de 1,8 mm/an au cours du 20ème siècle, est en<br /> stabilisation (mesures faites par le labo LEGOS, Toulouse). Pourquoi les modèles du GIEC seraient-ils crédibles alors que nul ne connaît tous les mécanismes climatiques? Notamment la modélisation<br /> du cycle de l'eau n'est pas possible, en l'état de nos connaissances actuelles.<br /> Occupez-vous des problèmes concrets de pollution : microparticules des moteurs diesel, pesticides, ozone troposphérique, métaux lourds, SO2, NO2, acides, ....<br /> Vous ferez oeuvre publique et dépenserez correctement les fonds publics dont nous vous confions la responsabilité.<br /> Et arrêtez de fantasmer sur cette chimère du Réchauffement Climatique Anthropique, qui est mise à mal par les données d'observation et de nombreux travaux, publications et expérimentations.<br /> <br /> <br />
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